Une autre espèce de mammifères susceptible au virus de l’influenza aviaire H5N1 : premier cas chez un dauphin à flancs blancs

Crédit photo : Dauphin à flancs blancs par batwrangler via Flicker

Nous rapportons ici un cas d’infection fatale par le virus de l’influenza aviaire H5N1 hautement pathogène (AIV H5N1) chez un dauphin à flancs blancs (Lagenorhynchus acutus). Ce dauphin juvénile mâle a été trouvé mort échoué le 5 septembre dernier sur une plage dans la région de Rimouski (Québec). La carcasse fut acheminée par le Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM) au centre régional du Québec pour des fins d’analyse.

L’animal était en bon état corporel, ce qui est suggestif d’une mort des suites d’un évènement aigu. Mise à part la présence d’infections parasitaires de faibles intensités, aucune lésion macroscopique n’a été observée chez l’animal.  L’examen histopathologique des tissus a révélé la présence de lésions inflammatoires et nécrotiques dans le foie, les nœuds lymphatiques et la rate. Des lésions inflammatoires aiguës étaient aussi présentes dans les poumons (pneumonie) et le cerveau (très légère encéphalite). Les analyses moléculaires effectuées par le laboratoire du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec ont permis de mettre en évidence la présence d’un virus de l’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 (AIV H5N1) dans le cerveau. Ce résultat a été confirmé au laboratoire de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Les résultats de ces examens indiquent que ce dauphin est mort des suites d’une infection aiguë par le virus de l’AIV H5N1.

Bien que le virus de l’AIV H5N1 affecte surtout les oiseaux, plusieurs espèces de mammifères sont aussi reconnues comme étant susceptibles. Chez les mammifères marins, des infections par ce virus ont surtout été documentées chez les phoques communs, mais aussi quelques phoques gris. Jusqu’à tous récemment, aucun cas d’infection fatale par un virus de l’influenza aviaire n’avait été documenté chez les cétacés (baleines et dauphins). À notre connaissance, seulement deux cas d’infection par l’AIV H5N1 ont été rapportés chez les cétacés jusqu’ici, un cas chez un grand dauphin en Floride et un cas chez un marsouin commun en Suède. Le cas présenté ici, qui serait donc le premier cas d’infection par ce virus chez un dauphin à flancs blancs, indique que cette espèce est sensible à ce virus émergeant en Amérique du Nord.

Les données récoltées par le RQUMM ne semblent pas indiquer d’augmentation de mortalité de dauphins à flancs blancs dans l’Estuaire du Saint-Laurent cet été, et ce malgré la présence d’une épidémie chez les phoques communs. Ceci suggère qu’il n’y a pas eu de transmission de ce virus entre dauphins et que le nombre de cas devrait donc être limité; les contacts entre dauphins et oiseaux infectés étant probablement peu fréquents.

Bien que les risques de transmission de ce virus influenza aux humains et aux animaux domestiques semblent faibles, il est recommandé de ne pas s’approcher, et surtout de ne pas toucher à un mammifère marin malade ou mort. On préviendra aussi les contacts entre nos animaux domestiques et les animaux sauvages morts.

Stéphane Lair – RCSF Québec, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal

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