Cas de mycoplasmose suspectés chez des passereaux sauvages fréquentant les mangeoires

Dernièrement, quelques observateurs d’oiseaux des régions de Laval et de Trois-Rivières (Québec) nous ont fait parvenir des photographies et vidéos d’oiseaux de mangeoires malades. L’examen de ces documents nous pousse à croire qu’il s’agit de cas d’infections par la bactérie Mycoplasma gallisepticum. Cette suspicion est en fait basée sur la présence de lésions oculaires hautement caractéristiques de cette condition infectieuse. Ceci étant dit, pour l’instant nous n’avons pas pu confirmer la présence de cette infection en laboratoire.

La mycoplasmose, connue en anglais sous le nom Mycoplasmal conjunctivitis ou house finch eye disease, est une maladie infectieuse bactérienne qui affecte les yeux et les voies respiratoires supérieures des oiseaux. Le roselin familier (Carpodacus mexicanus) est de loin l’espèce la plus fréquemment affectée par cette condition. Cette infection a aussi été documentée chez d’autres passereaux, tels que le chardonneret jaune (Carduelis tristis), le roselin pourpré (Carpodacus purpureus), le gros-bec errant (Coccothraustes vespertinus) et le durbec des sapins (Pinicola enucleator). Dans l’éclosion présente des infections sur un plectrophane des neiges (Plectrophenax nivalis) et un cardinal rouge (Cardinalis cardinalis) sont aussi suspectées.

Cette maladie aviaire atteint principalement les oiseaux à l’est du continent nord-américain. Elle est surtout observée autour des mangeoires. Le premier épisode de mycoplasmose aviaire chez les roselins familiers a été décrit au cours de l’hiver 1994. Depuis, la maladie s’est répandue à l’ensemble des populations de roselins dans l’est de l’Amérique du Nord. Les populations de roselins familiers ont particulièrement souffert de cette maladie. Cependant, la fréquence de cette maladie semble avoir considérablement diminuée au cours des dernières années ce qui suggère un certain équilibre entre cette bactérie pathogène et les oiseaux sensibles.

Chez les passereaux, la mycoplasmose affecte principalement les yeux. On notera une enflure des paupières et de la rougeur des conjonctives associées à des sécrétions oculaires et des croûtes. Des éternuements et une respiration difficile peuvent aussi être observés. Dans les cas extrêmes, les croûtes et/ou l’enflure peuvent causer la fermeture complète de l’œil. Du fait de l’altération visuelle, ces oiseaux éprouvent de la difficulté à se nourrir. Ils sont souvent retrouvés au sol, à la recherche de graines près des mangeoires. Ainsi, la conjonctivite n’est pas directement mortelle mais la cécité est responsable d’inanition pouvant entraîner la mort; de plus, l’oiseau devient une proie facile pour les prédateurs.

Les mangeoires d’oiseaux constituent un site

Photo : Roselin familier infecté par Mycoplasma gallisepticum (mycoplasmose). Yeux fermés avec enflure des paupières, écoulements oculaires et perte de plumes autour des yeux.

potentiel de transmission de cette maladie. Les précautions suivantes sont recommandées pour éviter la propagation de l’infection et aider à préserver la santé des oiseaux sauvages:

  • Au cours d’une éclosion connue de mycoplasmose, retirer temporairement les mangeoires d’oiseaux et les bains (pour une à deux semaines) afin de réduire l’agrégation des oiseaux.
  • Nettoyez vos mangeoires et bains d’oiseau régulièrement. Une solution d’eau de Javel à 10% (un volume d’eau de javel pour 9 volumes d’eau). Il faut ensuite les laisser sécher avant de les réintroduire à nouveau.
  • Il n’est habituellement pas recommandé de traiter les oiseaux sauvages infectés par cette condition, car l’utilisation d’antibiotiques pourrait entraîner le développement d’un état porteur de la bactérie ce qui pourrait entraîner une augmentation globale de la propagation de la maladie.

Bien que la bactérie Mycoplasma gallisepticum ne se transmette pas à l’Homme, les oiseaux sauvages peuvent être affectés par d’autres maladies transmissibles aux humains et aux animaux de compagnie (par exemple, les bactéries Salmonella, Campylobacter et E. coli). Il est donc important de prendre des précautions suivantes lors du nettoyage des mangeoires:

  • Les brosses et l’équipement utilisés pour nettoyer les mangeoires d’oiseaux et les bains ne doivent pas être utilisés à d’autres fins. Gardez-les à l’extérieur et loin des zones de préparation des aliments.
  • Portez des gants en caoutchouc lors du nettoyage des mangeoires et lavez-vous soigneusement les mains et les avant-bras avec de l’eau et du savon, surtout avant de manger et de boire. Évitez de manipuler les oiseaux malades ou morts directement à mains nues.

Vous pouvez rapporter les oiseaux retrouvés morts ou malades au Réseau canadien pour la santé de la faune. Cherchez le centre régional le plus proche à l’adresse : http://www.cwhc-rcsf.ca

Stéphane Lair, RCSF – Québec

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